
Au service d'IFREMER

15 ans autour de la planète
Parti en février 2009, de La Rochelle, Fleur Australe n’a cessé de naviguer autour du monde, en effectuant plus de 150 000 milles, d’un pôle à l’autre.
Après le passage du Nord-Ouest effectué à l’été 2009, Fleur australe hiverne quelques mois en Alaska. Au retour, en avril 2010, nous commençons nos relevés de température et de salinité dans un programme avec l’IFREMER. Nous posons à l’arrière du bateau, deux sondes automatiques. Nous embarquons également avec nous des flacons et prélevons régulièrement des échantillons d’eau. Nous effectuerons ces prélèvement en flacon jusqu’en Nouvelle Calédonie, à travers tout le Pacifique. Malheureusement ces prélèvements d’eau et leur acheminement vers des laboratoires français deviennent compliqués à faire passer les frontières et nous resterons sur les sondes automatiques.
Avec François Galgani, et Gilles Hervé, d’IFREMER, nous mettons au point un système pour filmer sous la surface des océans pour essayer de répertorier les micro plastique. La mise en place de ce système, des GoPro fixées sur une sonde lestée et tractée sur des tangons à l’extérieur du bateau, s’avère compliqué et difficile d’exploitation. Nous l’abandonnerons après quelques navigations dans les mers de l’Antarctique.
Le système des sondes fixées à l’arrière du bateau a évolué, elles sont maintenant placées sur le bord de fuite de la quille relevable, plus profondes et dans un flux moins perturbé. Ifremer développe en ce moment un système embarqué, plus sophistiqué, avec débulleur, et souhaite équiper les bateaux du Vendée Globe.
Fleur Australe va être équipé de ce système pour ses prochaines navigations.
Mesures de surface
sur Fleur Australe
par Thierry REYNAUD du laboratoire
d’Océanographie Physique et Spatiale, IFREMER

" La surface des océans joue un rôle particulier car elle se situe à l’interface entre l’atmosphère et les océans qui régulent le climat de notre planète. La salinité de surface des océans varie en fonction de l’évaporation et des apports d’eau douce via les précipitations et apports fluviaux. La salinité de l’eau influe sur la masse volumique de l’eau de mer lui permettant de plonger dans les profondeur océaniques. Ainsi le bassin méditerranéen est caractérisé par une forte salinité pourtant cette masse d’eau méditerranéenne se repend dans l’Atlantique Nord à partir du détroit de Gibraltar vers une profondeur de 1000m.
La France a développé un réseau nationale d’observation de la salinité de surface, le SNO-SSS, depuis maintenant 50 ans. Des navires commerciaux ont été équipés de thermosalinographes, les navires de recherche le sont aussi. Il s’agissait compléter le dispositif en tirant profit des voiliers qui sillonnent les océans. Ils sont plus petits et moins intrusifs mais surtout ils naviguent loin des routes commerciales. C’est le cas de Fleur Australe, voilier d’expédition polaire qui a parcouru les différents océans pendant 14 ans et plus de 120 000 milles nautiques.
La salinité de surface des océans est aussi surveillée par les satellites. Prenons par exemple ceux développés par le programme « Soil Moisture and Ocean Salinity » de l’agence spatiale européenne. Ces mesures sont cependant moins précises que leur équivalent provenant des navires. Les mesures des navires commerciaux, de recherche et des voiliers permettent non seulement une surveillance de la salinité de surface dans un contexte de changement climatique mais aussi la qualification et la validation des mesures satellitaires qui participent aussi à cette surveillance.
Et Fleur Australe dans tout cela ? Depuis 2010 ce voilier travaille avec le Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale en emmenant lors ces campagnes avec lui des capteurs mesurant la salinité et la température de la surface de l’eau.
La figure ci-dessous illustre les trajectoires de Fleur Australe de 2010 à 2018, en vert. Cela représente plus de 1000 journées de mesures au rythme de 1 mesure toutes les 3 minutes.
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L’aventure n’est pas finie car les données des campagnes de 2019 à 2022 … restent à analyser.
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Merci à Fleur Australe et son équipage ! "

Cartographie des relevés des sondes IFREMER à bord de Fleur Australe
En vert trajet de 2010 à 2018 — En rouge trajet de 2018 à 2023